31 janv. 2011

Terre !

Après cinq jours et demi de traversée, nous voilà arrivés à Hobart, ce lundi 31 janvier. La fin du voyage a été plutôt tranquille, comparativement aux premiers jours. Certes l’Astrolabe roulait toujours beaucoup, mais c’était supportable et je pouvais aller sur le pont, monter à la passerelle ou lire un peu.

Lundi après-midi, à peine avions nous commencé a apercevoir les côtes tasmaniennes depuis le bateau, que déjà beaucoup sortaient leurs portables et que des sonneries résonnaient à droite ou à gauche… Diable, la civilisation nous rattrape bien vite !

En arrivant à Hobart, des dizaines de dauphins se sont mis à suivre le bateau et à jouer dans les vagues, faisant de magnifiques sauts. Plutôt sympa comme arrivée…

Pour la réelle arrivée, le service de quarantaine constituait notre seul comité d’accueil. J’étais presque envieuse des australiens qui voyageaient avec nous, et qui étaient attendus impatiemment par des proches. Mais bon, eux n’auront pas la chance de voyager 4 mois…

Nous avons donc posé le pied sur la terre australienne ce lundi soir, et avons tous trouvé que ça bougeait beaucoup… A s’en donner mal au cœur. Et oui, après les joies du mal de mer, les délices du mal de terre. Heureusement, ça devrait vite disparaître !

La première chose qui m’a frappée en arrivant, ce fut de sentir l’odeur de la nature, avant même que le bateau arrive à quai… Quelle bonne odeur, qui ravive foule de souvenirs… Une fois en balade (en groupe évidemment, difficile de se séparer comme ça après avoir vécu côte à côte toute la traversée) dans la ville, des surprises nous attendent à chaque coin de rue… Oh, un parcmètre ! Un chien ! Tiens, c’est ça la nouvelle mode ? Attention, ici il y a des routes et des voitures qui arrivent vite, pas seulement des Muskeg ou Kass qui avancent au pas… Un enfant !!! Les parents ont dû nous trouver bizarres, à tous dévisager le bambin comme un extra-terrestre…

Ensuite, l’angoisse de chacun devant le distributeur d’argent… Ma carte va-t-elle fonctionner ? Est-ce que je me rappelle bien de mon code ? Et puis le dur retour à la réalité : ici, quand on mange au restaurant ou qu’on boit une bière, il faut payer. Dingue, non ?

Ce matin, j’ai dit au revoir à mes camarades qui repartent directement chez eux. Ils sont contents de rentrer, je suis un peu triste de les quitter. Encore un petit morceau de DDU qui s’éloigne…

Au programme maintenant, un mois de balade en Tasmanie, avant de prendre le chemin de l’Australie continentale. Pour l’instant il fait tout gris et il pleut (oh, de la pluie ! Je préférais la neige…), mais nul doute que ça va s’améliorer dans les jours à venir… Et il fait tellement chaud et humide que je me croirais à Hong Kong… Bon en réalité il doit faire dans les 15-20°C, mais je trouve que c’est très chaud quand-même !

Je vais essayer de continuer à donner quelques nouvelles dans les mois à venir, quand un cyber café croisera mon chemin… Pour les inconditionnels de DDU, je vous propose de basculer sur le blog de Françoise, qui prend ma suite : http://chroniquesantarctiques.blogspot.com/

Merci à tous les fidèles lecteurs qui ont suivi mes pérégrinations en Terre Adélie, vos petits messages ou courriers ont égayé mon quotidien :) !

29 janv. 2011

Allez hop, on y va !

Après de nombreux rebondissements, l'Astrolabe a quitté DDU mercredi 26 janvier, dans l'après-midi. Nous n'avons finalement pas attendu les avions, certains campagnards d'été ou hivernants initialement prévus sur R3 ont donc été décalés sur R2, à la dernière minute.

Cette fois-ci, j'étais donc de l'autre côté du décor, debout sur le pont du bateau à faire au revoir de la main à tous ceux qui restent sur l'île et brandissent quelques banderoles. Nous avons vu notre belle île devenir de plus en plus petite, et disparaître derrière un rideau de neige.

Difficile de décrire mes émotions, de trouver les mots. Disons que cet hivernage fut une formidable aventure, mais qu'elle est maintenant terminée. Je dois regarder devant, pour que la nostalgie ne vienne pas gâcher mon début de vacances, ce serait trop bête.

Il ne reste plus que deux TA60 à DDU, deux à Prud'Homme, deux sur le raid et un à Dôme C. Nos rangs s'éclaircissent, la base est aux TA61, à qui je souhaite un magnifique hivernage.

Il n'y avait pas vraiment de pack, donc dès jeudi matin le bateau naviguait sur une mer sans glaçons, j'étais un peu déçue. Nous avons néanmoins eu la chance de voir d'assez près quatre rorquals communs.

La météo est plutôt clémente, mais le bateau bouge tout de même beaucoup. Nombreux sont ceux qui restent couchés jours et nuits dans leur bannette, et je dois me faire violence pour ne pas faire de même.
Aller prendre une douche ou manger est un véritable défi. Il n'y a de toute façon pas grand chose à faire, hormis écouter de la musique, regarder des films, ou observer les quelques oiseaux qui suivent le bateau...

Quatrième jour en mer. Nous sommes actuellement dans les 50e. Les températures ont bien remonté, et sont maintenant largement positives.

Notre arrivée à Hobart est prévue pour le 31 janvier. Il me tarde d'avoir la terre ferme sous mes pieds, et de profiter de mes vacances.

A bientôt depuis l'Australie !

24 janv. 2011

A vos marques… Prêt… Faux départ !

Vous me croyez couchée dans ma bannette à pester contre ce bateau qui bouge tant ? Eh bien non ! Rien n’est simple en Antarctique, même d’en partir.

Après avoir appris jeudi soir que nous partions peut-être samedi, nous avons appris dimanche midi que nous ne partions pas avant mercredi. En effet, nous attendons un ou deux avions qui doivent nous amener des hivernants de Dôme C, qui rentrent avec nous sur R2. Des places leurs sont réservées sur R2, R3 est complet, et il n’y a pas de places sur les vols quittant l’Antarctique car la piste de Casey est fermée (la piste est en glace et a fondu). Impossible donc de partir sans eux ! Après trois jours de mauvais temps de vendredi à dimanche, nous attendons le passage d’une nouvelle perturbation en début de semaine. Pas de quoi permettre à un avion de se poser tout de suite…

Retour de l’Astrolabe après la campagne océano

Opérations de chargement de l’Astrolabe

Nous étions pourtant fin prêts. Malles fermées, sacs bouclés, passation terminée, nous avions même fêté notre départ. En attendant le vrai départ, j’erre donc dans la base, sans grande motivation. Le temps ne permet même pas de faire de belles balades sur l’île… Le ciel est bas et gris, mes tongues et mon maillot de bain trépignent d’impatience dans mon sac à dos… Je m’étais tant préparée à un départ dimanche, que j’ai maintenant hâte de grimper dans l'Astrolabe !


Certains poussins Adélie commencent à muer. D’autres ne sont même pas encore émancipés. L’année n’aura pas été bonne pour les Adélie, certaines colonies n’ont presque pas de poussins, tous les œufs ont été perdus… Les skuas eux-mêmes ont peu de petits poussins à chasser, et ce sont leurs propres poussins qui pâtissent de ce manque de nourriture…

Au retour de mer, les deux partenaires se reconnaissent en chantant (c’est moins complexe que pour les empereurs, seul le timbre sert de critère de reconnaissance)



Adélie et skua… Qui passera le premier ? L’Adélie, qui a fait fuir le skua… Pas commode le petit !

Deux positions différentes pour dormir : la tête sous l’aileron, ou allongé dans la neige

Adélie sous la neige

Juvénile d’un an en début de mue (celui qui a le menton blanc)

La semaine dernière les hivernants sortants ont eu la possibilité de faire une balade en sea-truck autour de l’archipel. L’occasion de voir de plus près certains de « nos » bergs, qui se sont déplacés, et d'en découvrir de nouveaux. Une bien belle balade !

Un des bergs qui était proche de la base cet hiver

Nous avons encore eu un coup de catabatique il y a quelques jours, voilà qui n’était pas sans rappeler l’hiver…

Le vent violent créé de jolis dessins dans l’eau

Allez, j’espère que la prochaine fois je vous écrirai depuis l’Astrolabe !
A bientôt !

15 janv. 2011

Départ imminent !

Et voilà, je vais bientôt tourner la dernière page de ce beau voyage au pays des manchots, et y inscrire le mot fin. On le sait tous, qu’un jour il faudra partir. On le dit tous « Ah non, je ne serai pas comme ceux qui restent accrochés à leur caillou et ne veulent plus en partir ! ».

Mais voilà, quand vient notre tour, c’est différent… D’un côté je suis contente de bientôt visiter l’Australie, de découvrir de nouveaux paysages, rencontrer de nouvelles personnes, me baigner, me mettre en t-shirt, être libre de faire ce que je veux quand je veux, marcher dans l’herbe et sentir les fleurs, retrouver la famille et les copains... Je sens bien que je ne suis plus à ma place ici, qu’il faut maintenant laisser l’île à la 61… Mais quand-même, je ne peux m’empêcher de penser, le cœur serré : « Ah tiens, voilà mon dernier catabatique », « Je ne verrai même pas les Adélie muer », « Je viens de croiser mon dernier empereur …». C’est un peu bête, je le sais, mais quelque part, c’est humain d’être un peu triste, non? La période n’est donc pas des plus évidentes, mais l’Australie devrait vite me faire penser à autre chose… Et puis, on a bien prévu d'aller voir les manchots qui vivent en Australie, on ne se refait pas !

Phoque de Weddell

Le temps presse, alors il faut en profiter à fond ! Des balades sur l’île dès que possible, de longs moments à observer mes amis les Adélie, une sortie avec le sea-truck pour observer les fonds marins (un engin, le Rov, permet aux océanos de filmer les fonds, jusqu’à 300 mètres de profondeur)…

Pétrel des neiges

Océanite de Wilson

Les poussins Adélie commencent à être émancipés. Les plus vieux d’entre eux se regroupent en crèches, en attendant qu’un de leurs parents revienne de mer. En effet, l’émancipation signifie qu’il ne reste plus en permanence un des deux parents sur le nid. Ils vont tous les deux se nourrir en mer, reviennent juste le temps de nourrir le petit, puis repartent.



Récemment, il a neigé quelques centimètres, recouvrant adultes et poussins… Hélas ce joli manteau blanc n’a pas tenu très longtemps : tout à fondu en quelques heures, se transformant en boue…


Sur l’île, les manchots nichent partout, même dans les endroits les plus inattendus, comme sous ce bâtiment… L’un d’eux fait la sieste sur un rail qui transporte des câbles, c’est dire s’ils se sont bien adaptés à notre présence !


Quelques Adélie juvéniles, âgés d’un an, peuvent de temps en temps être croisés en balade… Certains d’entre eux ont le cou blanc, d’autres ont le cou gris.


Il est fascinant de regarder les manchots sortir de l’eau, ou y plonger… Parfois, certains ratent leur atterrissage, et font des chutes vraiment cocasses… D’autres ne nous voient pas au bord de l’eau, et tombent nez à nez avec nous en sortant. Certains évaluent mal la hauteur, et ne sautent pas assez haut pour atteindre leur glaçon.





Manchots Adélie prenant un petit bain

J’ai eu l’occasion de participer au pré-acheminement du raid 2. Il s’agit, quelques jours avant le départ du raid, de monter des cuves de carburant au point de départ, à une soixantaine de kilomètres à l’intérieur du continent. Cette portion étant celle dont la pente est la plus importante, cela permet de monter en deux fois les charges lourdes.

Il est de tradition que les hivernants sortants aient l’opportunité de participer à un pré-acheminement. L’occasion unique de pénétrer un peu à l’intérieur du continent… Ce fut assez extraordinaire. Déjà, nous avons rejoint Prud’Homme en hélicoptère, et rien que ça, ça vaut le détour !

Ensuite, le Kass part en premier pour damer un peu la route, puis suivent cinq Challenger qui tirent chacun deux ou trois cuves de carburant. Les Challenger sont en fait de gros tracteurs munis de chenilles. Après environ 5-6 heures de route à une douzaine de km/h de moyenne, nous avons atteint le point de départ du raid. Il y fait nettement plus froid qu’à DDU, pas étonnant, nous sommes à 1260 mètres d’altitude, et le vent souffle fort… La chasse-neige rend la visibilité mauvaise, mais le paysage est facile à imaginer : du blanc à perte de vue… Une fois arrivés, à peine le temps de descendre profiter du paysage, de manger un sandwich et il faut repartir. Le retour se fait plus vite, à une vingtaine de km/h de moyenne. A 26 km de Prud’Homme, on commence à apercevoir la mer, et on en prend plein les yeux… Une journée magique !

Les cuves de carburant laissées au point de départ du raid




Sinon, un petit détail qui a son importance : à partir du 22 janvier, mon adresse @ifrtpddu.ifremer.fr ne fonctionnera plus… Je serai joignable sur mon ancienne adresse hotmail, ou via ce blog.

Le pack va et vient, se trouvant plus ou moins près de l’île des Pétrels

Pour finir, voici une dernière idée reçue… J’espère que cette petite rubrique vous a plu et a un peu changé votre façon de voir l’Antarctique. Maintenant, vous savez qu’il n’y fait pas tout le temps froid, qu’on n’y trouve ni ours polaire, ni pingouin, ni chien de traineau… En tout cas, cela m’a permis de me documenter et d’apprendre pas mal de choses sur le continent blanc.

Idée reçue n° 19 : L’Antarctique, c’est pour les autres, moi je n’irai jamais …

Autrement dit, l’Antarctique est réservé aux personnes qui travaillent sur les bases scientifiques (personnel scientifique ou technique) ou aux aventuriers qui organisent une expédition d’alpinisme, de ski ou de voile…

Eh bien non, l’Antarctique est tout à fait accessible aux touristes qui… en ont les moyens ! En effet, ce tourisme reste très coûteux. Ce grand continent qui appartient à tous n’est donc pas réellement accessible à tous… Du fait de ces coûts élevés, le tourisme reste limité, et finalement ce n’est pas si mal, car nous le savons, tourisme et écologie ne font pas toujours bon ménage…

Actuellement, quelques dizaines de milliers de personnes visitent l’Antarctique tous les ans, et ce nombre ne cesse d’augmenter. En 2006-2007, il y eut environ 30 000 touristes : 98% visitèrent la péninsule à bord de bateaux, quelques autres arrivèrent en mer de Ross après une semaine de voyage (300-500 personnes par an). Les touristes peuvent donc emprunter différents moyens de transport : la plupart voyagent à bord de bateaux de croisière, un petit nombre préfère le voilier (surtout à partir de l’Amérique du Sud et des Malouines), d’autres des avions privés (Hercules 130 et Twin Otter), et certains survolent à très haute altitude le continent à bord d’avions de ligne, sans atterrir (Boeing 747-400, décollage d’Australie, 4 heures de survol de l’Antarctique).

Il existe un seul camp permanent pour touristes : celui de Patriot Hills, avec sa propre piste d’atterrissage. Les voyageurs y arrivent de Punta Arenas (Chili).

Les tours operators peuvent donc vous proposer les programmes suivants :
le pôle sud géographique (34 000 $US), mont Vinson (30 000 $US), les colonies d’empereur (39 000 $US). Depuis les bateaux, les touristes peuvent faire des excursions à terre via des zodiacs ou hélicoptères.
Leur sont parfois proposés plongée sous-marine, kayak… Les prix varient de 4 000 à 65 000 $US.

Fin de journée au « toboggan à manchots »

La plupart des voyageurs arrivent des Etats-Unis, de Corée, d’Allemagne.
La majorité de ceux qui viennent en bateau partent d’Amérique du Sud, dont la pointe est très proche de la péninsule antarctique.

L’association IAATO (International association of Antarctic tour
operators) regroupe plus de 80 tours operators. Chaque année, un représentant de l’IAATO participe à la réunion annuelle des pays membres du traité de l’Antarctique. Les membres de l’IAATO ont une politique de nettoyage des chaussures des touristes pour éviter qu’ils n’introduisent de nouvelles maladies sur le continent. Les tours operators doivent en principe respecter strictement les règles du protocole de Madrid, mais il est préférable de passer par un tour opérator membre de l’IAATO.
(source : Antarctique – Cœur blanc de la Terre, Lucia Simion).

A DDU, nous n’avons pas trop de problèmes avec le tourisme de masse… La longue traversée décourage la plupart des organisateurs de voyage. Un voyage de 5 à 10 jours de bateau dans les 40e et 50e n’est pas forcément très porteur… Néanmoins, il est déjà arrivé qu'un bateau transportant des touristes, l’Orion notamment, fasse escale à la base.

Alors, voilà qui vous donne des idées pour vos prochaines vacances :)?

6 janv. 2011

2011 : 2ème rotation, 0 regret, 1 année passée ici, et 1 départ qui se rapproche…

Et voilà, 2010 a tiré sa révérence. 365 jours de glace, de balades, de paysages à couper le souffle, de couchers de soleil interminables et de rencontres avec les habitants antarctiques à plumes ou à poils… Avec quelques heures d’avance sur vous, nous sommes passés en 2011. Une année qui sera sans doute moins dépaysante pour moi que la précédente, mais je l’espère encore riche en découvertes. Je vous souhaite à tous une excellente année 2011. Je passerai un tiers de cette année en Australie, puis ce sera les retrouvailles avec les proches, le retour à une vie plus ordinaire et la recherche d’un travail.

Congère au pied du glacier

Inutile de vous décrire les fêtes ici, les festivités se sont globalement organisées comme l’an passé : de bons repas, des échanges de cadeaux à Noël, un sapin et un père Noël pour se mettre dans l’ambiance, l’impression de ne pas être en décembre, le lâcher du ballon météo du 1er janvier sur lequel tout le monde écrit un mot, la fête jusqu’au bout de la nuit dans un séjour aux stores baissés, pour oublier quelques heures que dehors il fait grand jour… Et le boulot le lendemain, car chez les Adélie, pas de Noël ou de premier janvier qui tienne.

Phoque de Weddell, toujours aussi stressé...

Pour le reste, voilà notre banquise définitivement fermée, elle se transformait en un vaste morceau de gruyère. Dur coup au moral. Nous voilà, comme un an auparavant, bloqués sur notre île, à regarder les bergs avec envie, et maintenant avec nostalgie. Nous redécouvrons donc l’île, qui offre quand-même des possibilités de très jolies balades.

Notre banquise et ses nombreuses flaques d’eau

Côté empereurs, plus grand monde à l’horizon. Quelques rares poussins traînent encore dans le coin, attendant sur un morceau de glaçon de terminer leur mue. La plupart ont quitté l’archipel.

Quelques dernières photos d’empereurs, au bord de l’eau libre…




Les poussins Adélie grandissent vite. Les premières émancipations thermiques ne sont pas loin… Ils sont pour la plupart passés du stade de « tout petit tout mignon » à celui de « poire », beaucoup moins touchante…

Eclosion en cours, qui dure souvent plus d’une journée !

Les petits sont nés et sont bien cachés sous l’adulte,
seules les coquilles vident témoignent de leur présence

Le tout petit réclame à manger

Un poussin…

… et deux poussins !

Certains poussins sont déjà bien gros…

Adélie au bord de l’eau libre



Les premiers poussins skuas sont également nés; je les trouve vraiment craquants, ils ont des têtes de petites canailles prêtes à venir nous survoler en rase-motte…


Skua et son poussin

Et enfin, la dernière nouvelle du moment, c’est l’arrivée de l’Astrolabe ce lundi 3 janvier. Il va rester quelques jours, puis il partira en campagne océano, pendant environ deux semaines. A son retour, je quitterai DDU, avec un départ prévu pour le 23 janvier. Le voir arriver et savoir que la prochaine fois qu’il rejoindra Hobart je serai à bord, ça fait vraiment quelque chose… En attendant, tâchons de profiter au maximum de ces derniers instants sur le plus beau des cailloux…

Arrivée de l’Astrolabe,
en premier plan la colonie de manchots Adélie de Biomar

Idée reçue n°18 : il n’y a qu’un seul pôle sud.

Comment ça il y aurait plusieurs pôles sud ? Eh oui, il y en a non pas deux, non pas trois, mais quatre. Le pôle sud magnétique, ça vous dit quelque chose ? Sans doute… Eh bien figurez-vous qu’il n’est pas situé au même endroit que le pôle sud géographique, et qu’il y a également un pôle sud géomagnétique, qui est à strictement parler un pôle nord… Je vous explique. Mais avant tout, je vous rappelle juste que je ne suis pas physicienne, donc je vais essayer de ne pas raconter de bêtises, mais il n’est pas exclu que je fasse quelques erreurs…

La nature du champ magnétique terrestre fut pour la première fois décrite par William Gilbert, en 1600. A l’aide d’une série d’expériences, il établit que la terre possède des pôles magnétiques.

Les compas magnétiques furent probablement utilisés en navigation depuis le 12e siècle. Le fait que la direction indiquée par un compas dévie de la direction du pôle géographique d’une valeur variant en fonction de la localisation fut pour la première fois reporté par Christophe Colomb, en 1492. Cet angle de déviation est appelé déclinaison magnétique. La connaissance de la déclinaison magnétique est importante pour la navigation. La première carte des déclinaisons sur la terre fut développée par Halley en 1702. Aux latitudes faibles et moyennes, la déclinaison est généralement seulement de quelques degrés, mais dans les régions polaires, elle peut être très grande.

En 1839, Carl Gauss fit la première description mathématique du champ géomagnétique. Il estima que la source interne du principal champ magnétique terrestre pouvait être représentée par un petit aimant incliné, situé au centre géodésique de la terre. Le champ résultant est dipolaire et l’axe du dipôle est incliné d’environ 11° avec l’axe géographique de rotation de la terre. Ce dipôle intervient pour 80% du champ magnétique observé à la surface de la terre. Il calcula également la position optimale où l’axe de ce dipôle coupe la surface de la terre.

Ces deux points représentent les pôles géomagnétiques. La base russe de Vostok est située juste à côté du pôle sud géomagnétique. A strictement parler, celui-ci est un pôle nord, car il attire le pôle sud d’un aimant (comme une aiguille de compas).

La position du pôle sud magnétique, où l’aiguille d’un compas se positionne verticalement, dépend de l’effet local de la croûte, et ne coïncide pas avec le pôle sud géomagnétique. La position des deux pôles magnétiques n’est pas facile à calculer, et trouver l’emplacement de ces pôles fut le but de plusieurs explorations. Le pôle sud magnétique fut pour la première fois approché par David, Mawson et Mackay, en 1909. Le pôle était alors situé à 71°36’S, 152°0’E, 300 km à l’intérieur du plateau antarctique. En décembre 2000, il fut relocalisé par Barton à 64°40’S, 138°01’E, à environ 240 km de DDU, en direction de la mer. On estime que depuis 1841, le pôle s’est déplacé de 1300 km, à une vitesse de 8.2 km/an. Il se déplace désormais vers le nord-ouest à environ 4 km/an. Ce type de changement lent du champ magnétique est appelé variation séculaire. Pour cette raison, les cartes de déclinaisons doivent être régulièrement modifiées. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans la variation séculaire, notamment la modification du taux de rotation de la terre, ou des changements dans la distribution des masses à la surface de la terre dus aux âges glaciaires ou à de forts impacts d’astéroïdes, ou aux mouvements des plaques tectoniques.

De temps en temps, il peut y avoir une soudaine modification (à l’échelle de l’année) dans la tendance globale de la variation séculaire. Ces changements brutaux sont appelés « magnetic jerks » (en français ça donne peut-être « sursaut magnétique » ou « secousse magnétique »). Les derniers survinrent en 1925, 1969, 1978 et 1992. Ils sont imprévisibles et de cause inconnue.

En plus de la variation séculaire, les pôles magnétiques se déplacent parfois sur des périodes de temps très courtes. En décembre 2000, le pôle sud magnétique était ainsi situé à 360 km de sa position attendue, et se déplaçait à 17 km/h. Il est ensuite revenu à son emplacement attendu. De tels déplacements sur de courtes périodes sont dus aux contributions externes au champ magnétique, associées aux effets du vent solaire.

Actuellement, un réseau mondial d’observatoires mesure en continu le champ géomagnétique, envoyant des données au World Data Centers for Geomagnetism, à Copenhague, Edinburgh, Kyoto et Mumbaï. 80 observatoires partout dans le monde fournissent également des données minutes via le Real-Time Magnetic Observatory network, nommé INTERMAGNET. Dans chacun de ces observatoires, le champ géomagnétique est mesuré toutes les 5 secondes avec une résolution de 0.1 nano Tesla (nT) et une précision absolue de 5 nT. Le champ est décrit en termes d’intensité totale (F) et intensité horizontale (H) en nT, inclinaison (I) et déclinaison (D) en degrés. A DDU, de même qu’à Amsterdam, Crozet et Kerguelen, de telles mesures sont réalisées (au pas d’échantillonnage 1 sec) et entrent dans le réseau INTERMAGNET. Le sismo-magn est l’hivernant s’occupant de l’entretien du matériel et de la récupération des données. Les petits shelters abritant les instruments de mesure ne doivent pas être approchés avec du métal sur soi, pour ne pas altérer les mesures.

Voilà, après le pôle sud géographique, le pôle sud géomagnétique et le pôle sud magnétique, il en reste un : le pôle de l’inaccessibilité. Il est défini comme le point le plus loin d’une côte, et donc en théorie l’endroit le plus difficile à atteindre. Il est situé à 77°15’S, 104°39’E (près de la base russe de Vostok) pour le continent sensu stricto, ou 85°50’S, 65°47’E pour le continent et ses plateformes de glace, au sud des montagnes du Prince Charles. Ce dernier est situé à 3700 mètres d’altitude, et fut atteint pour la première fois en 1958 par une expédition soviétique, qui y établit une station scientifique
(Source : Encyclopedia of the Antarctic, 2007)

Pour des informations plus précises, je vous invite à consulter des sites spécialisés, tout ça me semble bien compliqué…

Coucher de soleil sur le Lion