4 déc. 2010

Voilà l’été !

Les oiseaux chantent, le soleil brille, les vacances se rapprochent… Pas de doute : voilà l’été !

La mer est au pied de l’île…

Les tonnes de neige tombées à la fin de l’hiver sont en pleine fonte.
Les paysages changent, les congères diminuent de volume, le mélange de neige fondue et de fientes d’Adélie crée des rivières de « boue », qui n’ont rien à voir avec le blanc immaculé qui nous entourait auparavant…

Les températures flirtent maintenant fréquemment avec le 0°C, et le soleil règne en maître. Ça y est, l’heure est venue d’étaler la crème solaire, et de baisser les stores pour se donner une sensation d’obscurité et pouvoir dormir la « nuit ».

Paysage au couchant

Les poussins empereurs sont de plus en plus nombreux à muer. Les plus grands d’entre eux (qui font une vingtaine de kilos) perdent leur duvet dans le bas du ventre et sur le bout des ailerons. Ils font maintenant pratiquement la taille de leurs parents, et il est amusant de les voir les poursuivre en leur demandant de façon insistante de la nourriture… Ils semblent déjà si grands ! Ils ne sont pas encore tout à fait indépendants, mais ça ne saurait tarder…

Une partie de la manchotière est montée sur un berg, puis sur le glacier, à proximité du Nunatak




Les empereurs hésitent parfois à passer à proximité d’un inoffensif phoque de Weddell

Poussin en mue suivant un de ses parents

Côté Adélie, les femelles ont toutes pondu et sont parties se nourrir en mer. Les mâles restent seuls à couver, attendant le retour de leur partenaire. Les premières commencent à rentrer. Cette année, il y a vraiment beaucoup de neige sur l’île. La saison a donc mal commencé pour les Adélie : peu de cailloux disponibles pour faire des nids, nids souvent construits sur de la neige, flaque d’eau au fond des nids, crise du logement pour obtenir de bons nids… Beaucoup n’ont donc pas pondu, ou ont perdu leur œuf très rapidement. Cela me fait franchement mal au cœur de voir certains d’entre eux couver leur œuf situé dans une flaque d’eau, tentative vouée à l’échec… Raté pour cette année, ils devront attendre l’année prochaine pour tenter à nouveau leur chance.

Les Adélie se mélangent parfois aux empereurs sur la banquise

Les petits océanites sont eux aussi nombreux maintenant, et j’ai plaisir à les voir voleter au-dessus des rochers, à la tombée du jour. Leurs cris lancinants font d’eux nos cigales à nous.


Les phoques sont nombreux à s’être rassemblés sur ce qu’il reste de glace autour de l’île des pétrels. Ils passent l’essentiel de leurs journées à faire la sieste… Dure la vie de phoque !



Une petite série de photos sur les skuas maintenant…

Skua à côté d’un mélange de glace et d’eau, la « piscine à skuas »

Trois skuas s’ébattent joyeusement dans la piscine



Deux skuas en train de crier d'un rire bruyant et rauque

Côté people, le deuxième avion est arrivé, amenant deux thésardes de mon programme. Ma charge de travail est ainsi allégée, et c’est très appréciable. Encore de nouvelles têtes, et le retour de têtes connues…

Dans quelques jours, l’Astrolabe partira de Hobart. A l’arrivée de R1, mi-décembre, une petite dizaine des membres de la TA60 quittera l’Ile des Pétrels, et la plupart des membres de la TA61 sera arrivée. Il faut se préparer à bientôt laisser sa place… Le dortoir est réorganisé en conséquence, et les malles commencent à fleurir dans les couloirs. En ce qui me concerne, le départ sera pour R2, aux alentours du 23 janvier.

S’en suivront 4 mois de vadrouille au pays des kangourous, sas de décompression nécessaire avant le retour en métropole.

Le long du continent

Voilà, je me rends compte que je n’ai pas grand-chose à vous raconter aujourd’hui… J’ai l’impression que je vous ai déjà décrit cette période en détail l’année dernière, et que je me répète… Pourtant, bien que les choses naturelles se répètent, mon état d’esprit est très différent.

J’ai plus de recul, je vois les choses de façon moins naïve. Je m’arrête sur des détails qui ne m’auraient pas interpellée l’an passé.

Couple de pétrels des neiges sur leur nid

Idée reçue n°16 : l’Antarctique est divisée en tranches qui appartiennent à différents pays.

Ça n’est pas aussi simple que ça, même si c’est ce que j’ai appris à l’école. Je me souviens que l’on m’avait décrit l’Antarctique comme « un continent divisé en tranches comme un fromage, dont la France possède une part, dans laquelle seuls des chercheurs habitent ». Point. Passage au continent suivant. Tout cela me semblait très mystérieux…

Depuis bientôt un demi-siècle, l’Antarctique n’appartient pourtant à personne. En effet, le traité sur l’Antarctique, signé le 1er décembre 1959 et entré en vigueur le 23 juin 1961, gèle toutes revendications territoriales sur les territoires situés au sud du 60e parallèle Sud. Le succès scientifique et politique de l'Année Géophysique Internationale (du 1er juillet 1957 au 31 décembre 1958), est à l'origine de la signature de ce traité.

A son origine, les pays signataires étaient l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’URSS (repris par la Russie). Depuis, 46 états ont ratifié ce traité.

L’objectif du traité est de faire de l’Antarctique une « réserve naturelle consacrée à la science et à la paix », un lieu qui ne deviendra pas l’objet de différents internationaux. Seules des activités pacifiques sont donc autorisées en Antarctique. Le traité met en veilleuse les revendications territoriales des pays signataires, mais ne signifie pas pour autant la renonciation d'un État à ses droits ou revendications de souveraineté sur le continent. Ainsi, 7 états sont dits "possessionnés", c'est-à-dire qu'ils revendiquent la possession d'une partie du continent (la Terre Adélie pour la France par exemple).

Le traité règlemente également les activités scientifiques, et permet d’échanger les informations, les données et le personnel scientifiques des pays signataires sur le continent. Un système d’inspection (par le biais d’observateurs qui peuvent se rendre dans toutes les stations en Antarctique) permet de vérifier que les activités humaines sont conformes aux règles édictées par le traité.

Le Traité a ensuite été suivi par plusieurs conventions, dont je vous parlerai la prochaine fois…

Pétrel géant se posant sur l’île Rostang

1 commentaire:

  1. Bonjour Marion,

    Encore une fois pour notre plus grand plaisir, de magnifiques photos de la faune presqu'estivale de la Terre Adélie.
    A quand un recueil des "Idées reçues"? à ton retour pour la mi-mai...!!!

    Je t'embrasse et profite bien du temps qui passe.

    Alain

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