5 févr. 2010

Vive le vent, vive le vent…

La constante en ce début février, c’est le vent. Voilà déjà plusieurs jours que le dieu Éole se déchaîne. Ça souffle, ça tremble, ça grince… Nous avons eu une journée d’accalmie, pendant laquelle tout le monde s’est activé autour des manips en extérieur, et bam, voilà le vent qui revient. Les météos sont assaillis de toute part, on leur demande à longueur de journée leurs prévisions, si cela va souffler un peu, beaucoup, combien de temps… « Tu es sûr ? Même pas une toute petite accalmie ? ». Comme s’ils avaient le pouvoir d’influer sur les éléments…

Mais c’est que l’été avance, et chez les biologistes, beaucoup de manips ne peuvent se faire que par temps correct ! La pêche, par exemple. Quand cela souffle trop, impossible de sortir le bateau et de slalomer entre les bergs. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’accompagner les icthyos sur une sortie, un peu agitée, qui n’était pas sans rappeler les sensations de l’Astrolabe… Voici quelques photos de ce qui fut ramassé au fond par le chalut, histoire de vous montrer qu’il n’y a pas qu’à la Réunion que les fonds marins sont riches ;) !


La pêche a été bonne (la pelle est destinée à ceux qui veulent toujours une échelle pour mieux se rendre compte de la taille :)) !

Le vent donne donc de jolis moutons sur la mer. Pour le reste, cela fait trembler les bâtiments. Comme je suis au bout du dortoir et à l’étage, cela bouge pas mal, et certaines nuits j’ai l’impression qu’un métro est en train de passer sous ma chambre. Mais je reviens vite à la réalité ! Dans ma chambre, l’étanchéité imparfaite des fenêtres donne des sifflements aussi bruyants qu’imprévisibles, avec parfois de drôles de sensations dans les oreilles, un peu comme lors de la traversée d’un tunnel en train. Le vent, il faut faire avec. Autant un bon équipement permet de lutter contre le froid, autant rien n’empêchera les bourrasques de nous faire perdre l’équilibre. Au delà de 100 km/h, mieux vaut se tenir fermement aux rambardes pour passer d’un bâtiment à l’autre, et agripper son bonnet qui menace de s’envoler. A 140 km/h, avec le vent de face, j’ai l’impression de me retrouver à mon baptême de chute libre, ce qui est plus ou moins agréable, selon le moment de la journée.

Stop au crapahutage dans les cailloux à courir après les manchots. Eux aussi préfèrent attendre que ça passe, couchés dans une congère. Enfin, nous serions mal placés pour nous plaindre, la Terre Adélie c’est un peu de froid et beaucoup de vent, on nous avait prévenus ! Et puis, après quelques jours de beau temps, rien de tel qu’une petite tempête pour nous rappeler où nous sommes :)!

Avec tout cela, l’Astrolabe a encore une fois pris du retard. J’attends impatiemment l’arrivée du courrier et de mes malles. R3 repartira avec tous les campagnards d’été scientifiques, et quelques techniques. L’effectif de la base va donc fortement diminuer, de quoi nous préparer en douceur au commencement de l’hivernage, fin février. En attendant, 2 avions nous ont amené quelques campagnards d’été de Concordia pendant de brèves fenêtres météos, et le troisième raid sera bientôt de retour. La base est de nouveau pleine à craquer !

Comme promis, voici quelques photos des poussins Adélie en mue. Il y en a peu, car avec le vent, pas facile de prendre des photos. Ils ont maintenant pratiquement atteint leur taille adulte, et pèsent entre 3 et 5 kg. Pas beaucoup moins que leurs parents donc, qui sont désormais dépassés par l’appétit de leur progéniture, et se font courser par les plus gourmands. Cela donne des scènes très cocasses !

Poussin en début de mue (on peut remarquer que le menton reste blanc, contrairement aux adultes)

Poussin en mue plus avancée, en mode « punk » !

Nous avons également eu la chance de recevoir la visite d’un nouvel occasionnel… Il y a quelques jours, coup de téléphone à Biomar. C’est JB, le chef météo, qui nous prévient de la présence d’un gorfou de Schlegel (Royal Penguin, Eudyptes schlegeli) à la pointe noire. Ni une ni deux, nous attrapons jumelles et appareils photo, sautons dans nos blousons, et fonçons au lieu dit. Le manchot est tranquillement installé derrière un rocher, à se reposer, imperturbable. Il est magnifique ! Enfin, il paraît qu’à Biomar nous ne sommes pas objectifs et les trouvons tous beaux… Il s’agit vraisemblablement d’un immature, car ses aigrettes jaunes sont de petite taille et son plumage est un peu gris. Nous avons été chanceux, cette espèce est rarement observée sur l’île. Ils se reproduisent uniquement sur Macquarie, de mi-septembre à mars-avril. Deux œufs sont pondus, mais en général seul le second éclot, fin janvier. Comme beaucoup d’autres espèces subantarctiques et antarctiques, on ne sait pas trop ce qu’ils font en hiver, bien que certains individus aient été observés en Australie, Nouvelle-Zélande ou Antarctique. Une cinquantaine de colonies sont recensées, regroupant de 60 à plus de 160 000 couples.




Je finirais par quelques images de phoques. Nombre d’entre eux se prélassent sur les bords de l’île. J’aime ces grosses peluches, qui sont d’un pacifisme déconcertant.

Phoque de Weddell faisant la sieste

Phoque de Weddell qui baille, les dents ne sont pas bien grosses !

Ah oui, et j’allais oublier une information d’importance, le retour de la nuit ! Elle progresse à toute vitesse. Je m’étais habituée à ce jour permanent, et en sortant un soir aux alentours de 2h du matin, je me dis « tiens, il y a quelque chose de bizarre, mais quoi ? ». Et voilà, j’ai fini par trouver, la nuit était revenue, mais je ne m’en étais pas encore rendue compte… Bon, l’avantage, c’est qu’on a maintenant de vrais couchers de soleil, et qu’on n’est pas obligé d’attendre 23h30 pour voir le soleil passer derrière l’horizon avec de magnifiques couleurs…

1 commentaire:

  1. Encore merci pour ce très beau cours "d'histoire naturelle" sur la faune touristique et sédentaire de la Terre Adélie,le réveil de la sieste du phoque de Wedell est impressionant...!!!!
    Comment vont se passer tes travaux pendant l'hivernage qui arrive à grands PAS.

    Bises

    Alain

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