15 janv. 2011

Départ imminent !

Et voilà, je vais bientôt tourner la dernière page de ce beau voyage au pays des manchots, et y inscrire le mot fin. On le sait tous, qu’un jour il faudra partir. On le dit tous « Ah non, je ne serai pas comme ceux qui restent accrochés à leur caillou et ne veulent plus en partir ! ».

Mais voilà, quand vient notre tour, c’est différent… D’un côté je suis contente de bientôt visiter l’Australie, de découvrir de nouveaux paysages, rencontrer de nouvelles personnes, me baigner, me mettre en t-shirt, être libre de faire ce que je veux quand je veux, marcher dans l’herbe et sentir les fleurs, retrouver la famille et les copains... Je sens bien que je ne suis plus à ma place ici, qu’il faut maintenant laisser l’île à la 61… Mais quand-même, je ne peux m’empêcher de penser, le cœur serré : « Ah tiens, voilà mon dernier catabatique », « Je ne verrai même pas les Adélie muer », « Je viens de croiser mon dernier empereur …». C’est un peu bête, je le sais, mais quelque part, c’est humain d’être un peu triste, non? La période n’est donc pas des plus évidentes, mais l’Australie devrait vite me faire penser à autre chose… Et puis, on a bien prévu d'aller voir les manchots qui vivent en Australie, on ne se refait pas !

Phoque de Weddell

Le temps presse, alors il faut en profiter à fond ! Des balades sur l’île dès que possible, de longs moments à observer mes amis les Adélie, une sortie avec le sea-truck pour observer les fonds marins (un engin, le Rov, permet aux océanos de filmer les fonds, jusqu’à 300 mètres de profondeur)…

Pétrel des neiges

Océanite de Wilson

Les poussins Adélie commencent à être émancipés. Les plus vieux d’entre eux se regroupent en crèches, en attendant qu’un de leurs parents revienne de mer. En effet, l’émancipation signifie qu’il ne reste plus en permanence un des deux parents sur le nid. Ils vont tous les deux se nourrir en mer, reviennent juste le temps de nourrir le petit, puis repartent.



Récemment, il a neigé quelques centimètres, recouvrant adultes et poussins… Hélas ce joli manteau blanc n’a pas tenu très longtemps : tout à fondu en quelques heures, se transformant en boue…


Sur l’île, les manchots nichent partout, même dans les endroits les plus inattendus, comme sous ce bâtiment… L’un d’eux fait la sieste sur un rail qui transporte des câbles, c’est dire s’ils se sont bien adaptés à notre présence !


Quelques Adélie juvéniles, âgés d’un an, peuvent de temps en temps être croisés en balade… Certains d’entre eux ont le cou blanc, d’autres ont le cou gris.


Il est fascinant de regarder les manchots sortir de l’eau, ou y plonger… Parfois, certains ratent leur atterrissage, et font des chutes vraiment cocasses… D’autres ne nous voient pas au bord de l’eau, et tombent nez à nez avec nous en sortant. Certains évaluent mal la hauteur, et ne sautent pas assez haut pour atteindre leur glaçon.





Manchots Adélie prenant un petit bain

J’ai eu l’occasion de participer au pré-acheminement du raid 2. Il s’agit, quelques jours avant le départ du raid, de monter des cuves de carburant au point de départ, à une soixantaine de kilomètres à l’intérieur du continent. Cette portion étant celle dont la pente est la plus importante, cela permet de monter en deux fois les charges lourdes.

Il est de tradition que les hivernants sortants aient l’opportunité de participer à un pré-acheminement. L’occasion unique de pénétrer un peu à l’intérieur du continent… Ce fut assez extraordinaire. Déjà, nous avons rejoint Prud’Homme en hélicoptère, et rien que ça, ça vaut le détour !

Ensuite, le Kass part en premier pour damer un peu la route, puis suivent cinq Challenger qui tirent chacun deux ou trois cuves de carburant. Les Challenger sont en fait de gros tracteurs munis de chenilles. Après environ 5-6 heures de route à une douzaine de km/h de moyenne, nous avons atteint le point de départ du raid. Il y fait nettement plus froid qu’à DDU, pas étonnant, nous sommes à 1260 mètres d’altitude, et le vent souffle fort… La chasse-neige rend la visibilité mauvaise, mais le paysage est facile à imaginer : du blanc à perte de vue… Une fois arrivés, à peine le temps de descendre profiter du paysage, de manger un sandwich et il faut repartir. Le retour se fait plus vite, à une vingtaine de km/h de moyenne. A 26 km de Prud’Homme, on commence à apercevoir la mer, et on en prend plein les yeux… Une journée magique !

Les cuves de carburant laissées au point de départ du raid




Sinon, un petit détail qui a son importance : à partir du 22 janvier, mon adresse @ifrtpddu.ifremer.fr ne fonctionnera plus… Je serai joignable sur mon ancienne adresse hotmail, ou via ce blog.

Le pack va et vient, se trouvant plus ou moins près de l’île des Pétrels

Pour finir, voici une dernière idée reçue… J’espère que cette petite rubrique vous a plu et a un peu changé votre façon de voir l’Antarctique. Maintenant, vous savez qu’il n’y fait pas tout le temps froid, qu’on n’y trouve ni ours polaire, ni pingouin, ni chien de traineau… En tout cas, cela m’a permis de me documenter et d’apprendre pas mal de choses sur le continent blanc.

Idée reçue n° 19 : L’Antarctique, c’est pour les autres, moi je n’irai jamais …

Autrement dit, l’Antarctique est réservé aux personnes qui travaillent sur les bases scientifiques (personnel scientifique ou technique) ou aux aventuriers qui organisent une expédition d’alpinisme, de ski ou de voile…

Eh bien non, l’Antarctique est tout à fait accessible aux touristes qui… en ont les moyens ! En effet, ce tourisme reste très coûteux. Ce grand continent qui appartient à tous n’est donc pas réellement accessible à tous… Du fait de ces coûts élevés, le tourisme reste limité, et finalement ce n’est pas si mal, car nous le savons, tourisme et écologie ne font pas toujours bon ménage…

Actuellement, quelques dizaines de milliers de personnes visitent l’Antarctique tous les ans, et ce nombre ne cesse d’augmenter. En 2006-2007, il y eut environ 30 000 touristes : 98% visitèrent la péninsule à bord de bateaux, quelques autres arrivèrent en mer de Ross après une semaine de voyage (300-500 personnes par an). Les touristes peuvent donc emprunter différents moyens de transport : la plupart voyagent à bord de bateaux de croisière, un petit nombre préfère le voilier (surtout à partir de l’Amérique du Sud et des Malouines), d’autres des avions privés (Hercules 130 et Twin Otter), et certains survolent à très haute altitude le continent à bord d’avions de ligne, sans atterrir (Boeing 747-400, décollage d’Australie, 4 heures de survol de l’Antarctique).

Il existe un seul camp permanent pour touristes : celui de Patriot Hills, avec sa propre piste d’atterrissage. Les voyageurs y arrivent de Punta Arenas (Chili).

Les tours operators peuvent donc vous proposer les programmes suivants :
le pôle sud géographique (34 000 $US), mont Vinson (30 000 $US), les colonies d’empereur (39 000 $US). Depuis les bateaux, les touristes peuvent faire des excursions à terre via des zodiacs ou hélicoptères.
Leur sont parfois proposés plongée sous-marine, kayak… Les prix varient de 4 000 à 65 000 $US.

Fin de journée au « toboggan à manchots »

La plupart des voyageurs arrivent des Etats-Unis, de Corée, d’Allemagne.
La majorité de ceux qui viennent en bateau partent d’Amérique du Sud, dont la pointe est très proche de la péninsule antarctique.

L’association IAATO (International association of Antarctic tour
operators) regroupe plus de 80 tours operators. Chaque année, un représentant de l’IAATO participe à la réunion annuelle des pays membres du traité de l’Antarctique. Les membres de l’IAATO ont une politique de nettoyage des chaussures des touristes pour éviter qu’ils n’introduisent de nouvelles maladies sur le continent. Les tours operators doivent en principe respecter strictement les règles du protocole de Madrid, mais il est préférable de passer par un tour opérator membre de l’IAATO.
(source : Antarctique – Cœur blanc de la Terre, Lucia Simion).

A DDU, nous n’avons pas trop de problèmes avec le tourisme de masse… La longue traversée décourage la plupart des organisateurs de voyage. Un voyage de 5 à 10 jours de bateau dans les 40e et 50e n’est pas forcément très porteur… Néanmoins, il est déjà arrivé qu'un bateau transportant des touristes, l’Orion notamment, fasse escale à la base.

Alors, voilà qui vous donne des idées pour vos prochaines vacances :)?

4 commentaires:

  1. superbe blog que nous avons suivi ,merci pour les news du raid
    les parents de benoit ta60

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  2. J imagine que ce blog va prendre fin...encore mille mercis de nous avoir fait partagé avec tant de passion, détails, photos...ton extraordinaire aventure!
    on a vraiment hâte de te revoir!
    on t'aime Marion!!!
    Chloé (et Francis)

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  3. Daniel et Claudine20 janvier 2011 à 18:21

    Bonjour, bonsoir,
    Merci pour ce blog qui nous a fait partager cette tranche de vie.
    Bon retour à la civilisation
    Claudine et Daniel les parents de Benjamin.

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  4. Isabelle COILLARD21 janvier 2011 à 11:36

    Je suis la maman de Nico, glacio TA 60. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu votre blog tout au long de cette année polaire.
    Merci de nous avoir fait partager votre aventure. Je vous souhaite de bonnes vacances et un bon retour à la vie dite civilisée.
    Je vous souhaite également une belle vie remplie de beaucoup de moments aussi forts que ceux que vous avez pû vivre sur votre île gelée.
    Isabelle COILLARD

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