16 août 2010

Enfin les -30°C!

Le périmètre de banquise autorisée a encore une fois été étendu, et il nous est à nouveau possible de profiter de longues balades. Les jours sont de plus en plus longs, et le soleil monte chaque jour plus haut.
Comme c’est agréable!

Détail d’un berg rayé de brun

Le glacier de l’Astrolabe

Jusqu’à maintenant, les températures avaient été assez clémentes avec nous… Mais nous avons avec plaisir enfin passé le cap des -30°C ce samedi 14 août, avec un minimum enregistré à -32.5°C ! Ce jour là il y avait assez peu de vent, il faisait donc en apparence moins froid que d’autres jours (le minimum que nous ayons atteint cet hiver étant -59°C en température ressentie, avec l’effet du vent)… Nous avons arrosé cela comme il se doit le soir même, au champagne …

Côte de l’île un jour de catabatique

Traces de pas dans la tempête

Berg qui « fume » un jour de catabatique

Les poussins grandissent vite. Il ne reste pratiquement plus d’œufs non éclos. Nous pouvons observer des « duos ». Il s’agit de deux manchots ayant chacun un poussin (ou un œuf), qui paradent comme s’ils étaient en couple, et qui chantent l’un pour l’autre. On ne connait pas exactement l’origine de ce comportement. Parfois nous pouvons observer la même chose, mais entre trois manchots! Le résultat est vraiment esthétique…

Détail du ventre d’un empereur

Duo de manchots

« Trio » de manchots


Détail d’un manchot avançant avec son poussin dans sa poche incubatrice

Les empereurs nous ont fait la surprise au début du mois de venir en visite sur l’île. Habituellement ils restent cantonnés à la banquise, mais 4 audacieux sont partis à l’assaut de l’île des Pétrels… Le bruit d’un véhicule a fini par leur faire faire demi-tour, mais ils n’étaient pas si loin que ça du bâtiment du séjour!

Emplacement actuel de la manchotière

Les manchots montent parfois sur des glaçons

La manchotière devant un berg en forme de tête d’animal

Idée reçue n°10 : le continent Antarctique a été découvert il y a bien longtemps…

La présence de l’homme en antarctique est sans doute bien plus récente que ce que vous imaginez… En effet, si Aristote soupçonnait dès l’Antiquité l’existence d’un continent en équilibre avec l’Arctique, il a fallu quelques années avant que cette idée soit explorée… Au XVe siècle, les cartes indiquent néanmoins une très vaste « Terra incognita » bordant le sud de l’Océan Indien, à la latitude de 20°S.

En 1520, Magellan contourne le sud de l’Amérique, et aperçoit des terres glacées au sud. Les spécialistes de l’époque imaginent alors un continent   « Austral », qui irait de la Terre de Feu à l’Australie. Le premier navigateur à franchir le cercle polaire arctique est James Cook, en 1773, qui se retrouve arrêté par les glaces en janvier 1774. Sans le savoir, il est également le premier à faire le tour du continent. A son retour, il écrit :   « J’ai fait le tour de l’hémisphère austral dans une haute latitude, et je l’ai longé de manière à prouver, sans réplique, qu’il n’y a point de continent, à moins qu’il ne soit près du pôle et loin de portée des navigateurs ».

La première personne à avoir accosté sur le continent serait le chasseur de phoques américain John Davis, en 1821. En 1838, des navigateurs français à bord de l’Astrolabe (une corvette à voile), commandés par Jules Sébastien César Dumont d’Urville (déjà connu pour avoir découvert et ramené en France la Venus de Milo), se lancent à la recherche du pôle sud magnétique. Ils accostent le 21 janvier 1840 sur l’îlot de débarquement, à Pointe Géologie. Dumont d’Urville nomme cette zone du continent « Terre Adélie » en l’honneur de sa femme, Adèle.

Le premier hivernage est réalisé dans les glaces de la péninsule antarctique en 1897-98 par le Belgica, commandé par Adrien de Gerlache.
La première base sera installée en 1899 par le norvégien Borchgrevink à l’est de la Terre Adélie. Il y effectuera le premier hivernage à terre.

La conquête du pôle est lancée peu avant la première guerre mondiale… L’anglais Shackleton s’y intéresse de 1907 à 1910. Il abandonne à 179 km seulement du pôle, épuisé et à court de vivres. Il écrit à sa femme : « J’ai pensé que vous préféreriez un âne vivant à un lion mort ». En 1909, le norvégien Roald Amundsen (qui faisait partie de l’équipage du Belgica lors du premier hivernage), sur le point de partir à la conquête du pôle nord, apprend que celui-ci vient d’être atteint, deux explorateurs différents revendiquant la victoire. Il se rabat donc sur l’Antarctique.

Amundsen et quatre de ces compagnons atteignent ainsi le pôle sud géographique le 15 décembre 1911, après un trajet d’1.5 mois en ski et à l’aide de chiens de traineaux (54 chiens au départ, les 24 les moins performants furent sacrifiés en cours de route pour nourrir les chiens restants). Un mois plus tard, le 16 janvier 1912, le britannique Robert Falcon Scott atteint à son tour le pôle sud, y trouvant le drapeau norvégien de planté, une tente de secours ainsi qu’une lettre laissés par Amundsen. Partis avec des poneys, les britanniques ont dû rapidement tirer eux-mêmes leurs traineaux. Epuisés et démoralisés, Scott et ses cinq compagnons périront sur le trajet du retour.

Depuis la découverte de la Terre Adélie, qui constitue la TA1, les français s’étaient donc faits discrets sur le continent… En 1923, la souveraineté française est malgré tout proclamée en Terre Adélie. Cela fait alors plus de 80 ans que les français n’y ont pas mis les pieds…

En 1948-49, un navire français, le Commandant Charcot, effectue une mission de reconnaissance et se retrouve arrêté par le pack (c’est la TA2). Le bateau repart en 1949, un peu plus tôt dans la saison et équipé d’un petit hydravion pour repérer le passage dans les glaces. Il atteint cette fois-ci la Terre Adélie, et les expéditions polaires françaises (EPF), fondées par Paul-Emile Victor, y construisent la base de Port-Martin (nommée ainsi en hommage à Martin, décédé pendant le voyage). 11 personnes y hivernent en 1950 (TA3), puis 17 en 1951 (TA4).
Un incendie détruit les bâtiments en janvier 1952. La troisième expédition, qui vient de débarquer, s’installe alors sur l’île des Pétrels, et 7 personnes, sous la direction de Mario Marret, hivernent dans un petit bâtiment appelé « Base Marret » (TA5). Celle-ci sera fermée en janvier 1953. Les bâtiments ont été restaurés et la base est aujourd'hui en excellent état. Il est toujours émouvant d'y entrer et d'imaginer quelles furent les conditions de cet hivernage particulier...

La base Marret, en partie recouverte par la neige

Les expéditions cessent ensuite pendant 3 années, pour reprendre en 1956, dans le contexte de l’année géophysique internationale de 1957. En janvier 1956, la base de Dumont d’Urville est créée, conçue à l’origine pour 20 personnes et une occupation provisoire de 3 ans.

Pendant l’année géophysique internationale de 1957, 12 pays installent
48 stations en antarctique, principalement sur les côtes (seules la base russe de Vostok et la base américaine d’Amundsen-Scott sont alors situées sur l’inlandsis). Une seconde base française, la base Charcot, est également construite, à 300 km de la côté et 2400 m d’altitude. 3 scientifiques vont y hiverner pendant 2 ans, puis elle sera fermée fin 1959.

En 1959, le gouvernement français décide le maintien permanent de la base de Dumont d’Urville et la poursuite des travaux de recherche. La station est alors reconstruite et étendue. Depuis cette date, les missions se succèdent chaque année. La notre est la 60ème (TA60).

Voilà un résumé très succinct de l’histoire antarctique, vous voyez, c’est récent tout ça!

DDU et ses environs vus du sommet du mât ionosphérique

2 commentaires:

  1. Salut Marion,
    On espère que tu vas bien.
    On a des messages d'erreurs qd on veut t'enoyer un email. As tu changé d'adresse.
    A bientôt.
    Benoit, Cath et Théophile

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  2. coucou voici un bonjour,vous vivez une belle aventure avec de beaux souvenirs dans la vie.
    votre article est sympa avec de très belles photos !!je pense que les poussins ont bien grandit,ils sont trop mignons.
    merci beaucoup àtous les hivernants de nous faire profiter des photos
    sincères amitièes mère de marie

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