Congère au pied du glacier
Inutile de vous décrire les fêtes ici, les festivités se sont globalement organisées comme l’an passé : de bons repas, des échanges de cadeaux à Noël, un sapin et un père Noël pour se mettre dans l’ambiance, l’impression de ne pas être en décembre, le lâcher du ballon météo du 1er janvier sur lequel tout le monde écrit un mot, la fête jusqu’au bout de la nuit dans un séjour aux stores baissés, pour oublier quelques heures que dehors il fait grand jour… Et le boulot le lendemain, car chez les Adélie, pas de Noël ou de premier janvier qui tienne.
Phoque de Weddell, toujours aussi stressé...
Pour le reste, voilà notre banquise définitivement fermée, elle se transformait en un vaste morceau de gruyère. Dur coup au moral. Nous voilà, comme un an auparavant, bloqués sur notre île, à regarder les bergs avec envie, et maintenant avec nostalgie. Nous redécouvrons donc l’île, qui offre quand-même des possibilités de très jolies balades.
Notre banquise et ses nombreuses flaques d’eau
Côté empereurs, plus grand monde à l’horizon. Quelques rares poussins traînent encore dans le coin, attendant sur un morceau de glaçon de terminer leur mue. La plupart ont quitté l’archipel.
Quelques dernières photos d’empereurs, au bord de l’eau libre…
Les poussins Adélie grandissent vite. Les premières émancipations thermiques ne sont pas loin… Ils sont pour la plupart passés du stade de « tout petit tout mignon » à celui de « poire », beaucoup moins touchante…
Eclosion en cours, qui dure souvent plus d’une journée !
Les petits sont nés et sont bien cachés sous l’adulte,
seules les coquilles vident témoignent de leur présence
seules les coquilles vident témoignent de leur présence
Le tout petit réclame à manger
Un poussin…
… et deux poussins !
Certains poussins sont déjà bien gros…
Adélie au bord de l’eau libre
Les premiers poussins skuas sont également nés; je les trouve vraiment craquants, ils ont des têtes de petites canailles prêtes à venir nous survoler en rase-motte…
Skua et son poussin
Et enfin, la dernière nouvelle du moment, c’est l’arrivée de l’Astrolabe ce lundi 3 janvier. Il va rester quelques jours, puis il partira en campagne océano, pendant environ deux semaines. A son retour, je quitterai DDU, avec un départ prévu pour le 23 janvier. Le voir arriver et savoir que la prochaine fois qu’il rejoindra Hobart je serai à bord, ça fait vraiment quelque chose… En attendant, tâchons de profiter au maximum de ces derniers instants sur le plus beau des cailloux…
Arrivée de l’Astrolabe,
en premier plan la colonie de manchots Adélie de Biomar
en premier plan la colonie de manchots Adélie de Biomar
Idée reçue n°18 : il n’y a qu’un seul pôle sud.
Comment ça il y aurait plusieurs pôles sud ? Eh oui, il y en a non pas deux, non pas trois, mais quatre. Le pôle sud magnétique, ça vous dit quelque chose ? Sans doute… Eh bien figurez-vous qu’il n’est pas situé au même endroit que le pôle sud géographique, et qu’il y a également un pôle sud géomagnétique, qui est à strictement parler un pôle nord… Je vous explique. Mais avant tout, je vous rappelle juste que je ne suis pas physicienne, donc je vais essayer de ne pas raconter de bêtises, mais il n’est pas exclu que je fasse quelques erreurs…
La nature du champ magnétique terrestre fut pour la première fois décrite par William Gilbert, en 1600. A l’aide d’une série d’expériences, il établit que la terre possède des pôles magnétiques.
Les compas magnétiques furent probablement utilisés en navigation depuis le 12e siècle. Le fait que la direction indiquée par un compas dévie de la direction du pôle géographique d’une valeur variant en fonction de la localisation fut pour la première fois reporté par Christophe Colomb, en 1492. Cet angle de déviation est appelé déclinaison magnétique. La connaissance de la déclinaison magnétique est importante pour la navigation. La première carte des déclinaisons sur la terre fut développée par Halley en 1702. Aux latitudes faibles et moyennes, la déclinaison est généralement seulement de quelques degrés, mais dans les régions polaires, elle peut être très grande.
En 1839, Carl Gauss fit la première description mathématique du champ géomagnétique. Il estima que la source interne du principal champ magnétique terrestre pouvait être représentée par un petit aimant incliné, situé au centre géodésique de la terre. Le champ résultant est dipolaire et l’axe du dipôle est incliné d’environ 11° avec l’axe géographique de rotation de la terre. Ce dipôle intervient pour 80% du champ magnétique observé à la surface de la terre. Il calcula également la position optimale où l’axe de ce dipôle coupe la surface de la terre.
Ces deux points représentent les pôles géomagnétiques. La base russe de Vostok est située juste à côté du pôle sud géomagnétique. A strictement parler, celui-ci est un pôle nord, car il attire le pôle sud d’un aimant (comme une aiguille de compas).
La position du pôle sud magnétique, où l’aiguille d’un compas se positionne verticalement, dépend de l’effet local de la croûte, et ne coïncide pas avec le pôle sud géomagnétique. La position des deux pôles magnétiques n’est pas facile à calculer, et trouver l’emplacement de ces pôles fut le but de plusieurs explorations. Le pôle sud magnétique fut pour la première fois approché par David, Mawson et Mackay, en 1909. Le pôle était alors situé à 71°36’S, 152°0’E, 300 km à l’intérieur du plateau antarctique. En décembre 2000, il fut relocalisé par Barton à 64°40’S, 138°01’E, à environ 240 km de DDU, en direction de la mer. On estime que depuis 1841, le pôle s’est déplacé de 1300 km, à une vitesse de 8.2 km/an. Il se déplace désormais vers le nord-ouest à environ 4 km/an. Ce type de changement lent du champ magnétique est appelé variation séculaire. Pour cette raison, les cartes de déclinaisons doivent être régulièrement modifiées. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans la variation séculaire, notamment la modification du taux de rotation de la terre, ou des changements dans la distribution des masses à la surface de la terre dus aux âges glaciaires ou à de forts impacts d’astéroïdes, ou aux mouvements des plaques tectoniques.
De temps en temps, il peut y avoir une soudaine modification (à l’échelle de l’année) dans la tendance globale de la variation séculaire. Ces changements brutaux sont appelés « magnetic jerks » (en français ça donne peut-être « sursaut magnétique » ou « secousse magnétique »). Les derniers survinrent en 1925, 1969, 1978 et 1992. Ils sont imprévisibles et de cause inconnue.
En plus de la variation séculaire, les pôles magnétiques se déplacent parfois sur des périodes de temps très courtes. En décembre 2000, le pôle sud magnétique était ainsi situé à 360 km de sa position attendue, et se déplaçait à 17 km/h. Il est ensuite revenu à son emplacement attendu. De tels déplacements sur de courtes périodes sont dus aux contributions externes au champ magnétique, associées aux effets du vent solaire.
Actuellement, un réseau mondial d’observatoires mesure en continu le champ géomagnétique, envoyant des données au World Data Centers for Geomagnetism, à Copenhague, Edinburgh, Kyoto et Mumbaï. 80 observatoires partout dans le monde fournissent également des données minutes via le Real-Time Magnetic Observatory network, nommé INTERMAGNET. Dans chacun de ces observatoires, le champ géomagnétique est mesuré toutes les 5 secondes avec une résolution de 0.1 nano Tesla (nT) et une précision absolue de 5 nT. Le champ est décrit en termes d’intensité totale (F) et intensité horizontale (H) en nT, inclinaison (I) et déclinaison (D) en degrés. A DDU, de même qu’à Amsterdam, Crozet et Kerguelen, de telles mesures sont réalisées (au pas d’échantillonnage 1 sec) et entrent dans le réseau INTERMAGNET. Le sismo-magn est l’hivernant s’occupant de l’entretien du matériel et de la récupération des données. Les petits shelters abritant les instruments de mesure ne doivent pas être approchés avec du métal sur soi, pour ne pas altérer les mesures.
Voilà, après le pôle sud géographique, le pôle sud géomagnétique et le pôle sud magnétique, il en reste un : le pôle de l’inaccessibilité. Il est défini comme le point le plus loin d’une côte, et donc en théorie l’endroit le plus difficile à atteindre. Il est situé à 77°15’S, 104°39’E (près de la base russe de Vostok) pour le continent sensu stricto, ou 85°50’S, 65°47’E pour le continent et ses plateformes de glace, au sud des montagnes du Prince Charles. Ce dernier est situé à 3700 mètres d’altitude, et fut atteint pour la première fois en 1958 par une expédition soviétique, qui y établit une station scientifique
(Source : Encyclopedia of the Antarctic, 2007)
Pour des informations plus précises, je vous invite à consulter des sites spécialisés, tout ça me semble bien compliqué…
Coucher de soleil sur le Lion
Coucou Marion,
RépondreSupprimerNous te souhaitons une très belle année 2011 qui sera sans doute pour toi le cadre de nouvelles découvertes et de nouveaux projets. Ton séjour en Antarctique nous captivera jusqu'au bout. Tes photos sont toujours sublimes (la lumière, les sujets, la banquise, ...); bien sur, je n'oublie pas les commentaires très enrichissants.
Nous t'embrassons très fort. Bon courage pour les préparatifs du départ d'Adélie.
Gérard, Jocelyne et Olivier
Super intéressant cette petite explication sur la différence entre le pôle sud magnétique et géo magnétique !
RépondreSupprimerMerci pour ce blog toujours aussi bien fait ! Il risque de me manquer par la suite !
Bonjour Marion
RépondreSupprimerTon blog fait rever..
Je suis postule actuellement pour le poste que tu as eu en Antarctique, est il possible de te joindre pour te demander quelques renseignements ?
Je t'en remercie par avance,
Marion TISSIER
ENVL
06 84 10 78 29
m.tissier@vetagro-sup.fr